Un nouveau drame a frappé le territoire de Rutshuru, dans la province du Nord-Kivu. Dans la nuit du 27 au 28 octobre 2025, aux environs de 19 heures, des hommes armés ont fait irruption au domicile de M. Habimana Musekura, connu sous le nom de Ndombolo, chef de la localité de Buma, située dans le groupement de Binza, chefferie de Kisharo.
Selon des témoignages recueillis sur place, le notable a été arraché de force de son domicile par ses assaillants. Le lendemain matin, son corps sans vie a été découvert à environ 100 mètres de son habitation, portant de nombreuses traces de violences à l’arme blanche.
La localité de Buma, nichée à une dizaine de kilomètres de Kisharo et à une trentaine de Kiwanja, vit depuis plusieurs mois dans une insécurité grandissante. Ce meurtre vient s’ajouter à une série d’assassinats visant les chefs coutumiers du même groupement : un notable avait été tué le 10 octobre 2025 à Kiheka, dans la cité de Nyamilima, et un autre le 22 octobre 2025 à Buramba. En moins de trois semaines, trois chefs traditionnels ont ainsi perdu la vie, laissant les communautés locales dans la peur et l’incertitude.
De ces triples assassinats, il est loisible de conclure que les chefs traditionnels sont désormais devenus des cibles privilégiées des rebelles et/ou des groupes armés. Cette situation tend à confirmer la crainte de plus en plus répandue au sein de la population, selon laquelle les mouvements rebelles chercheraient à éliminer les autorités coutumières afin d’occuper et contrôler durablement leurs territoires.
Selon les observations recueillies par LISVDHE, le groupement de Binza fait partie des zones sous contrôle du mouvement rebelle M23/AFC depuis 2022. Cependant, la région est également fréquentée par des éléments du groupe armé étranger FDLR, qui y opèrent en toute quiétude.
Cette coexistence de forces armées rivales crée une confusion profonde quant à la responsabilité des exactions commises contre les civils. Jusqu’à présent, aucune enquête officielle n’a été ouverte pour faire la lumière sur ces assassinats, renforçant ainsi un sentiment d’abandon et d’impunité au sein des populations.
Face à cette recrudescence d’actes de violence, LISVDHE condamne avec la plus grande fermeté les assassinats ciblés des chefs coutumiers et dénonce l’inaction des autorités face à la dégradation continue de la situation sécuritaire.
L’organisation appelle à l’ouverture d’enquêtes indépendantes et transparentes, à l’identification des auteurs, et à la protection effective des leaders communautaires ainsi que des populations civiles menacées.
Pour LISVDHE, ces crimes répétés ne sont pas de simples faits isolés, mais traduisent une attaque systématique contre les structures sociales locales et une tentative de désarticulation du leadership communautaire dans le territoire de Rutshuru.
L’organisation réaffirme sa détermination à documenter ces violations, à accompagner les victimes et à plaider pour la fin de l’impunité qui alimente les violences dans l’Est de la République Démocratique du Congo.
Ajouter un commentaire
Commentaires