Dans les rues de Goma, entre les pierres de lave du volcan Nyiragongo, le nom de Ricardo Olenga circule désormais à voix basse, entre inquiétude et colère. Ce journaliste de la Radio Kako FM, connu pour ses reportages francs sur la situation humanitaire dans la région, est porté disparu depuis son arrestation, le vendredi 19 septembre 2025, par les services de renseignement de l’AFC-M23, qui contrôlent actuellement la ville.
Selon plusieurs témoins, Olenga aurait été interpellé en pleine journée, à proximité du siège de la radio, par des agents en civil identifiés comme appartenant aux services de renseignement du mouvement rebelle. Depuis, plus aucune nouvelle.
Les proches journalistes ainsi que les membres de la famille ont fourni d’efforts pour le retrouver, mais sans succès. La famille a fini par alerter la corporation des journalistes et plusieurs organisations de défense des droits humains, mais leurs démarches sont restées sans suite.
D’après plusieurs sources locales, le “crime” de Ricardo Olenga aurait été d’avoir publié, sur la chaîne YouTube de la radio, une vidéo devenue virale. Dans ce reportage, une habitante de Goma témoignait du calvaire quotidien vécu par la population depuis la prise de contrôle de la ville par l’AFC-M23. La femme y dénonçait notamment les campagnes d’enrôlement forcé des jeunes hommes dans les zones sous influence rebelle — un sujet sensible que le mouvement préfère taire.
Depuis la diffusion de cette vidéo, la tension autour de la rédaction de Kako FM s’était nettement accrue. Des sources internes rapportent que plusieurs journalistes avaient déjà reçu des menaces voilées, leur demandant de “rester prudents” dans leur couverture des événements.
Aujourd’hui, Ricardo Olenga symbolise le silence imposé aux voix indépendantes dans une région où informer devient un acte de courage. Ses collègues espèrent encore le revoir vivant, tandis que les organisations de défense de la presse réclament sa libération immédiate et une enquête indépendante sur sa disparition.
“Ricardo n’a fait que son travail. Informer, témoigner, donner la parole à ceux qu’on n’écoute plus. Et c’est pour cela qu’il a été réduit au silence”, déclare un confrère sous couvert d’anonymat.
Dans une Goma sous tension, où la peur s’installe au rythme des rafales et des arrestations, le sort de Ricardo Olenga rappelle tragiquement combien, ici, dire la vérité peut coûter la liberté — voire la vie.
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