
République démocratique du Congo : fuite en avant
Les conséquences de la guerre civile en prison
La République démocratique du Congo (RDC) traverse, depuis plusieurs décennies, une crise politique et économique majeure. Le territoire est le théâtre de plusieurs conflits impliquant différents groupes armés dont le “mouvement du 23 mars” — ou M23 — qui voit le jour en 2012. Le début de l’année 2025 est marquée par une intensification significative de la guerre civile, qui mène à la prise de Goma, capitale du Nord-Kivu, par le M23 le 26 janvier. Le gouvernement annonce, en mars 2024, la reprise des exécutions après une interruption de plus de 20 ans. Les organisations de la société civile dénoncent l’augmentation, depuis lors, des condamnations à mort prononcées par des tribunaux militaires.
La Ligue des Sacrifices Volontaires pour les Droits Humains et l’Environnement (LISVDHE) est une association basée à Goma, dans la province du Nord-Kivu. L’organisation œuvre pour la promotion et la défense des droits humains, notamment ceux des personnes détenues.
Prison Insider lui pose trois questions.
Le nombre de magistrat.es est vraiment limité. Il n’est pas rare qu’une personne gère 200 ou 300 dossiers.
Prison Insider. Quelles activités votre organisation mène-t-elle auprès des personnes détenues ?
LISVDHE. Au Nord-Kivu, il y a huit prisons centrales1 et de nombreux cachots, un pour chaque poste de police, sans compter ceux des services de renseignements militaires.
Lorsque nous nous rendons en prison, nous avons plusieurs objectifs. Le premier consiste à vérifier la régularité de l’arrestation. La personne a-t-elle été appréhendée sur mandat d’arrêt, sur convocation ? La procédure a-t-elle été respectée ? Nous essayons, dans le contexte actuel de guerre, de lutter contre les disparitions forcées : une personne peut être arrêtée et être ensuite introuvable, alors que nous pensions qu’elle se trouvait en prison. Nous recevons parfois des familles qui nous disent qu’elles n’ont pas vu leur proche depuis longtemps. Nous devons alors faire le tour des prisons pour voir si la personne se trouve dans l’une d’elles.
Nous vérifions ensuite le respect des droits des personnes détenues et des préalables du procès équitable. Les personnes ont-elles accès à un.e juge compétent.e pour leur affaire ? Le délai est-il raisonnable ? Sont-elles soumises à des actes de torture ? La personne a-t-elle déjà été entendue ? Certaines personnes passent une année en détention sans comparaître devant un.e juge. Notre aide légale vérifie, dans ce cas, qui est le ou la magistrat.e instructeur.rice et pourquoi la personne n’a jamais été entendue. Nous essayons alors d’obtenir sa libération dans l’attente de son procès.
Le nombre de magistrat.es est vraiment limité. Il n’est pas rare qu’une personne gère 200 ou 300 dossiers, ce qui affecte évidemment l’exécution des décisions.
Nous prêtons également attention à l’alimentation des personnes détenues. La loi prévoit trois repas par jour mais, en réalité, elles ne mangent qu’une fois - et encore, c’est par grâce qu’elles trouvent à manger. Elles s’endorment parfois affamées. Beaucoup comptent sur leurs proches pour amener de la nourriture mais qu’en est-il des personnes qui ont été arrêtées à 50 km de chez elles et dont les familles n’ont pas les moyens de leur rendre visite ? Pour elles, la situation est particulièrement difficile. Intégralité, ici
https://www.prison-insider.com/articles/republique-democratique-du-congo-fuite-en-avant
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